Fermes-Usines 1000 vaches en Picardie, 4000 bovins en engraissement en Saône et Loire…

Jusqu’où ira l’agro-industrie ? Qui veut la peau des paysans, en particulier des éleveurs ?

Au niveau mondial, on assiste dans les pays occidentaux à une baisse de la sur-consommation de viande pour des raisons multiples ( budgets familiaux, santé, écologie/environnement, respect de l’animal de l’élevage à l’abattage…) alors que parmi les classes aisées des pays émergents, la consommation de produits d’origine animale ( viande, lait, fromage) explose en raison de la politique d’implantation de la grande distribution et de la standardisation alimentaire.

En France et en Europe, les éleveurs sont en grande difficulté face à des problématiques contradictoires alors qu’ils jouent  un rôle majeur dans notre société, en particulier pour le développement équilibré des territoires et de l’agriculture.

Nous constatons aussi que partout les règles du libéralisme condamnent chaque jour un peu plus les paysans porteurs d’alternatives économiques et sociales. La norme devient la concentration pour des « exploitations » qui méprisent la condition paysanne et mettent les producteurs « à la botte » de l’industrie en s’accaparant leurs propres terres.

 

En confinant les fermes restantes dans un rôle subordonné de niche économique, l’agro-industrie, qui déploie ses usines inexorablement, s’entête dangereusement à renforcer l’agriculture destructrice d’emploi, et qui déconsidère l’éleveur au même que titre que l’animal, les réduisant à des outils du marché.

 

Avec les projets agro-industriels portés par des investisseurs hors-sol, l’avenir de notre production alimentaire est de plus en plus en danger. De plus, le gigantisme des unités de productions et celui du commerce international ultralibéral génèrent des risques sanitaires graves. Les directives économiques marquent une réelle intention de livrer l’activité aux mains d’industriels plus soucieux de leurs parts de marché que de l’emploi, de l’alimentation ou de l’environnement. Les paysans sont poussés par les agro-managers, les banques et les politiques vers l’agrandissement mortifère, la modernisation à outrance sans souci de la préservation des écosystèmes et de la santé des populations. Les consommateurs voient l’offre alimentaire se réduire et la diversité animale et végétale disparaître.

L’engraissement capitaliste s’accélère. Les paysans deviennent des travailleurs à façon de l’industrie agro-alimentaire.

 

Les contrôles sont de plus en plus en répressifs à l’encontre des petits et moyens exploitants, alors que les fermes usines sont souvent installées illégalement, avec des préfets qui donnent les autorisations malgré les recours et ferment les yeux sur les irrégularités hors la loi. Il y a donc « deux poids-deux mesures » : tracasseries administratives incessantes d’un côté, quasi impunité de l’autre.

La production sans producteurs est en marche, associée à un déni des préoccupations environnementales et climatiques.

Pourtant, l’agriculture paysanne, autonome, relocalisée, respectueuse de ses travailleurs et de l’environnement, figure parmi les réelles alternatives pour le développement de la souveraineté alimentaire, avec des paysans et citoyens maîtres du choix de leur nourriture !

 

Un choix de société doit s’opérer : résister au fatalisme ambiant, défendre la condition de celles et ceux qui produisent en suffisance des produits de qualité.

Nous contribuerons à dénoncer l’industrialisation de l’agriculture et de l’alimentation, et à défendre l’agriculture paysanne. Avec d’autres organisations, nous allons lancer une grande campagne citoyenne pour que nous puissions nous-mêmes, paysan.ne.s et citoyen.e.s, décider de notre propre alimentation !

Les Amis de la Confédération paysanne, le 2 décembre 2017.