L’idée vous a peut-être un jour traversé l’esprit… Mais pas facile de se projeter paysan·ne sans être issu·e du métier, sans accès à la terre et sans certitude de s’épanouir dans cette activité. Il faut parfois pouvoir se tester. C’est ce que propose le réseau RENETA, Réseau national des espaces test agricoles, pour aider les porteurs et porteuses de projet qui souhaiteraient devenir paysan ou paysanne.
Objectifs de la formation :
Identifier les freins et les leviers pour devenir paysan·ne
Avoir une vision globale du parcours à l’installation
Découvrir les Champs des possibles, le RENETA et l’accompagnement proposé par les espaces-test agricoles
Ouverte à tout adhérent / adhérente à jour de sa cotisation.
Dates, horaires et lieu : samedi 6 mai 10h-12h en visioconférence
Intervenants : À plusieurs voix : maraîcher, paysan de la mer, éleveur, paysan boulanger, producteur en filière longue, membres de la Confédération paysanne…
Agriculture paysanne : quelle image projette-t-on en entendant ces mots ?
Si le métier de paysan est multiple, il existe également une pluralité d’agricultures : éleveur, maraîcher, céréalier, paysan de la mer… Lors de ce temps partagé, ils et elles seront là pour vous parler de leur métier et en montrer toute la richesse et la diversité.
Objectifs de la formation
Identifier les différentes formes d’agriculture
Avoir une vision globale de l’ensemble des métiers de l’agriculture
Mieux saisir la diversité du métier
Ouverte à tout adhérent / adhérente à jour de sa cotisation.
OGM, mutagenèse, Crisper… Qu’est-ce qui se cache sous ces mots ? Alors que la loi promulguée le 2 juin 2014 avait interdit la culture du maïs génétiquement modifié en France, les OGM sont loin d’y avoir disparu. La France continue d’en importer massivement pour nourrir le bétail et la volaille que nous retrouvons dans nos assiettes. Et près de 20 000 ha de colza issu des nouvelles techniques de mutagenèse sont toujours cultivés dans l’Hexagone. Aujourd’hui, de nouvelles formes de mutations génétiques apparaissent et il est fondamental de les connaître pour mieux en comprendre les enjeux.
OBJECTIFS
Identifier et mieux saisir les différentes notions d’OGM, s’y retrouver dans le vocabulaire (plantes transgéniques, mutagenèse, VrTH, nouveaux OGM, édition du génome, nouvelles techniques…)
Avoir une vision globale de l’état des lieux actuel sur les OGM en France et les enjeux qui y sont liés
Quels impacts sur le développement des semences paysannes ?
Ouverte à tout adhérent / adhérente à jour de sa cotisation.
Dates, horaires et lieu : samedi 16 décembre de 10h à 12h, en visio-conférence
Intervenants : membres du collectif Pour une Sécurité sociale de l’alimentation
Bénédicte Bonzi, anthropologue spécialisée sur la question des violences alimentaires, membre du collectif SSA
Mathieu Dalmais, agronome, membre fondateur du collectif SSA
Romain Henry, paysan membre de la Conf’, du collectif SSA et de l’expérimentation locale en Touraine
Clara Boudet, membre de l’expérimentation de SSA à Montpellier, en charge du lien entre le projet de Caisse Alimentaire Commune et les paysan·ne·s sur la structuration des filières et la mise en coopération des points de vente conventionnés
En France, on confond aide alimentaire, nécessaire dans l’urgence, et accès à l’alimentation. Pourtant, malgré sa nécessité actuelle, l’aide alimentaire est source de grandes violences, pour les personnes y ayant recours comme pour les bénévoles. Certains travaux récents préconisent ainsi de la dépasser, en développant des formes d’accès durables à l’alimentation. L’objectif : garantir à toutes et tous l’accès à une alimentation choisie. Quel rôle de nos organisations, lesquelles sont des acteurs du développement agricole et de la transition agroécologique, pour faire appliquer le droit à l’alimentation et mettre en place une sécurité sociale de l’alimentation ?
Objectifs de la formation :
Saisir les enjeux que recouvre l’aide alimentaire
Avoir un aperçu des différentes pistes proposées pour en sortir et assurer une alimentation choisie à toutes et tous
Identifier les enjeux qui se posent pour les paysannes et les paysans (dans ce contexte et avec une éventuelle mise en place de cette SSA)
Avoir un retour d’expérience des expérimentations locales en cours
Échanger et faire évoluer ces réflexions
Ouverte à tout adhérent / adhérente à jour de sa cotisation.
10 janvier [AgroParisTech] : Ciné-débat sur « Tous au Larzac ». Infos & inscriptions ICI.
12 janvier [AgroParisTech] : Conférence/débat sur « Les enjeux autour du foncier ». Infos & inscriptions ICI.
28 & 29 janvier [Sciences Po Paris] : chantier à la ferme de Toussac (caprins et fromagers), au Champ des possibles
6 février [Sciences Po Paris] : Dégustation de produits et discussions // Fresque agriali // Marchés paysans
10 février [Université Paris 8] : Ciné-débat « Tous au Larzac ». En présence de Jean Azan, Ami de la Conf’, ex-Comité Larzac
10 février [Sciences Po Paris] : Projection du documentaire Douce France, de Geoffrey Couanon (1h30) et discussions libres. Pour s’inscrire (17 places de personnes externes à sciences po) : https://forms.gle/aPuA7httPpTvuKHv9
14 février [Sciences Po – campus Reims] : Conférence – discussion « Militantisme écologiste : un retour à la terre ? »
15 février [Sciences Po Paris] : Conférence-débat « Les terres agricoles, des terres convoitées ». Pour s’inscrire (13 places de personnes externes à sciences po) : https://forms.gle/Fpfmq1uZ3DFCqdAV8
16 février [Nanterre / AgroParisTech] : Conférence débat « Une agriculture durable contre la précarité alimentaire : le droit à une alimentation choisie – Vers une sécurité sociale de l’alimentation ».
17 février [Sciences Po – campus Reims] : Disco-soupe et rencontre avec divers acteurs de l’alimentation autour d’un moment convivial
18 février [Rando-vélo] : vers Fontainebleau. Infos ci-dessous.
19 février [Sciences Po – campus Reims] : A la rencontre de paysans et paysannes de la Marne – Randos-vélos et visites de fermes
21 février [Sciences Po – campus de Reims] : « Regards croisés sur l’agroforesterie : Afrique – Europe partant du documentaire «L’Homme qui a stoppé le désert »
23 février [Nanterre / AgroParisTech] : Projection-débat autour du documentaire « Bocage, mon beau souci » En présence de sa réalisatrice, Alice Bourgeois, Et de Julien Gaillard, doctorant sur « Les mises en mémoires et la patrimonialisation de Notre Dame des Landes »
Envoyez vos photos avant le 20 février : ccphotoisaramap.sap@gmail.com Elles devront être accompagnées d’une description avec le lieu, la date et l’histoire en lien avec l’agriculture paysanne. Tout le monde sera invité à voter sur le compte de ISARAMAP : https://instagram.com/isaramap?igshid=YmMyMTA2M2Y= Le ou la gagnante recevra un panier garnie de produits venant des producteurs d’ISARAMAP !
Nous sommes un collectif de riverains habitant au Folgoët, commune du Nord Finistère. Nous sommes des familles habitant sur un périmètre de protection de captage d’eau potable créé en 1997.
Pour certains, nous étions propriétaires de terres agricoles qui ont été préemptées pour la création du périmètre de protection du captage (PPC) afin de faire diminuer le taux de nitrates dans l’eau potable en deçà de 50mg/L. Il y avait trois agriculteurs (trois légumiers) en activité dans notre village, dont un maraîcher en agriculture biologique. Les activités agricoles, y compris l’agriculture biologique, ne sont plus autorisées par l’arrêté préfectoral régissant le PPC (voir arrêté préfectoral N° 2007-0564 du 18 mai 2007). Un agriculteur a conservé ces terres, les deux autres les ont cédées. Ces terres appartiennent aujourd’hui à la Communauté de Communes. Elles sont classées en zone naturelle et sont maintenues en herbe par la Communauté des Communes qui les louent à des agriculteurs locaux. Des contraintes strictes nous sont imposées également depuis 1997, en tant qu’habitants sur ce périmètre de protection de captage.
En France, on confond aide alimentaire, nécessaire dans l’urgence, et accès à l’alimentation. Pourtant, malgré sa nécessité actuelle, l’aide alimentaire est source de grandes violences, pour les personnes y ayant recours comme pour les bénévoles. Certains travaux récents préconisent ainsi de la dépasser, en développant des formes d’accès durables à l’alimentation. L’objectif : garantir à toutes et tous l’accès à une alimentation choisie. Quel rôle de nos organisations, lesquelles sont des acteurs du développement agricole et de la transition agroécologique, pour faire appliquer le droit à l’alimentation et mettre en place une sécurité sociale de l’alimentation ?
Objectifs de la formation :
Saisir les enjeux que recouvre l’aide alimentaire
Avoir un aperçu des différentes pistes proposées pour en sortir et assurer une alimentation choisie à toutes et tous
Identifier les enjeux qui se posent pour les paysannes et les paysans (dans ce contexte et avec une éventuelle mise en place de cette SSA)
Les Ami.e.s de la Conf’ du Maine-et-Loire, constitués sous forme d’association locale, étaient présents de lors de la dernière Fête paysanne de la Conf’. Ils ont pu y rencontrer d’autres nouveaux Ami.e.s du secteur et étoffer la dynamique locale !
Après une soirée conviviale prévue le 4 octobre, les Ami.e.s des Pays de la Loire prévoient un cycle de réunions par secteur sur le département sur la thématique de l’eau avec une hydrologue et les collègues de la Conf’. Sujet crucial pour les années à venir et ce dès à présent ! N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez rejoindre l’équipe !
En attendant, ci-dessous un article publié à l’occasion des élections régionales de 2021, sur l’un des enjeux phares de cette région – valable pour de nombreuses autres régions d’ailleurs – !
PAYS DE LA LOIRE – TRANSMISSION ET INSTALLATION EN AGRICULTURE. POURQUOI EST-IL ESSENTIEL DE TRANSMETTRE ET D’INSTALLER DES PAYSANS ? DES INITIATIVES QUI VONT DANS LE BON SENS !
La Région Pays de la Loire a bien identifié la problématique dans son schéma de développement économique de 2016, puis récemment selon sa vision de la PAC avec ses quatre objectifs : ► une agriculture qui fait face au défi du renouvellement des générations ; ► une agriculture résiliente ; ► une agriculture qui accompagne la transition des entreprises vers la durabilité et l’agroécologie ; ► l’agriculture, l’agroalimentaire et la forêt au cœur des territoires et de la ruralité
Au regard des intentions, nous pouvons qualifier la politique agricole régionale de volontariste, mais avec des moyens limités, voire en contradiction quand on sait que les aides attribuées au maintien de l’agriculture biologique ont été supprimées en 2019 et qu’il n’y a pas d’appui DRAAF / Région concernant les propositions faites par les réseaux favorables à l’agriculture paysanne. Sur le terrain, les structures de réseau se mobilisent (par exemple l’ARDEAR (Association Régionale pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural) / GAB (Groupement des Agriculteurs Biologiques) / CIAP (Coopérative d’Installation en Agriculture Paysanne) ) pour accompagner les cédants, les sensibiliser au fait que leurs fermes, même si elles sont de petite taille, sont reprenables par un porteur de projet. Cela se traduit par des diagnostics d’exploitation, des sessions de réflexion collective sur les projets de transmission, de participation à des cafés transmission/installation.
Préalablement à tout ce travail de concertation, il est indispensable d’avoir un travail de repérage des fermes à transmettre, d’identification soit par des référents de territoire, paysans et / ou citoyens, soit par des collectivités communales pour être plus efficient. C’est ainsi que dans la Sarthe, Terre de liens, le GAB et la CIAP ont mis en commun leurs compétences pour proposer aux collectivités, à leur demande un accompagnement de modules d’actions à la carte.
Ces actions sont de tous ordres. Cela peut être une étude d’opportunité pour identifier dans la commune des parcelles pertinentes à l’installation de maraîchers, de mobiliser les acteurs de la commune pour un projet territorial, puis de rechercher et accompagner des porteurs de projet avec un stage de paysan créatif, ou encore l’aide à la création d’un groupe d’appui local.
Les porteurs de projets accompagnés par la CIAP s’installent à plus de 80 %. La CIAP est un organisme de formation destiné aux jeunes non issu.e.s du milieu agricole. Par son stage « paysan créatif », le futur paysan s’initie aux réalités de son projet. Il est accompagné ensuite selon son souhait par le portage temporaire d’activité, ou au préalable il est invité à se former dans un espace test en maraîchage de Loire Atlantique ou du Maine et Loire.
Très insuffisantes actuellement, nous demandons à nos élu.e.s que toutes les initiatives et actions pour la transmission et l’installation de jeunes paysan.ne.s soient relayées, soutenues, appuyées, afin de reconquérir une dynamique et une vitalité paysanne dans nos territoires.
Les Ami.e.s sont à l’honneur dans le numéro de septembre de Campagnes solidaires, qui y consacre son dossier. Pour l’occasion, le numéro est exceptionnellement téléchargeable gratuitement ICI !
Pour en découvrir plus et soutenir la Conf’, n’hésitez pas à commander les prochains Campagnes solidaires, ou mieux (!), à vous abonner !
Plusieurs adhérents Ami.e.s se sont réunis cet été dans les Alpes maritimes avec l’idée de participer plus activement lors d’événements locaux avec un stand des Ami.e.s de la conf’. L’idée se poursuit, en lien avec la Conf’ locale ; n’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez être mis en lien.
En attendant, un peu de lecture autour d’un riche retour d’expérience dans la région : un pressoir mobile !
Une expérience de pressoir mobile pour valoriser des variétés fruitières anciennes et créer du lien dans le haut pays des Alpes-Maritimes.
D’après un échange avec : • Davide Fabbri, Co-président de l’Association des Agriculteurs du Parc Naturel Régional – PNR – des Préalpes d’Azur ; arboriculteur de formation et travaillant avec sa femme en élevage de brebis laitières, adhérente à la Conf’ • Léo Raymond, adhérent aux Ami.e.s de la Conf’ et salarié du Conseil de développement du Parc Naturel Régional des Préalpes d’Azur Historique du projet
Au départ, Davide ayant suivi un parcours d’arboriculteur désirait créer un atelier de pressage de jus de fruits, à titre personnel, sur sa ferme. Ce projet, après avoir mûri, est devenu un projet collectif pour une autre finalité et à une autre échelle. Cette initiative a vu le jour début 2015 avec l’appui des agriculteurs du Parc Naturel Régional des Préalpes d’Azur, ce parc des Alpes-Maritimes étant limitrophe du PNR du Verdon et du Parc National du Mercantour. Dans ce territoire, la production aléatoire due aux gelées de printemps n’a jamais permis la création d’une arboriculture comme celle pratiquée dans la Drôme. De plus, l’abandon des cultures vivrières dans les villages et leur désertification suite à l’exode rural a laissé l’élevage de brebis de viande comme activité agricole majoritaire. L’arboriculture familiale a alors largement décliné. Ayant pas mal circulé dans la Vallée de l’Estéron et la Vallée du Haut Var, Davide s’est aperçu qu’il existait encore un patrimoine conséquent : des arbres fruitiers cachés dans les broussailles, à valoriser. C’est ainsi que l’idée du pressoir à la ferme devint un pressoir collectif.
L’idée: permettre aux paysan.ne.s et aux particuliers de valoriser leurs pommes et leurs poires à travers la production de jus pasteurisés.
Des expériences mises en place par le territoire voisin (PNR du Verdon) ont inspiré la réflexion du projet qui a été façonné par les contraintes du territoire des Préalpes d’Azur, à savoir l’isolement des habitant.e.s et la topographie, qui affaiblissent le développement du travail collectif. La première journée de pressage a eu lieu en 2016 avec un pressoir mobile venant de Digne géré par l’association Fruits d’Avenir qui œuvrait notamment sur le territoire du PNR du Verdon.
L’association locale avait fait de la publicité auprès des agriculteurs / agricultrices et particuliers pour qu’ils viennent sur la place publique transformer leurs pommes en jus. Grande surprise : alors que l’association tablait sur un volume de 2,5 tonnes, la quantité pressée était supérieure aux prévisions.
Ce partenariat très enrichissant a permis pendant trois années de suite de créer un premier réseau de cueilleurs de fruits abandonnés répondant présents au rendez-vous d’automne avec le pressoir mobile, ce qui allait devenir une occasion majeure de se retrouver. Autour de ce collectif se monte progressivement l’atelier de pressage local, qui s’envole de ses propres ailes dès l’automne 2019, année de l’acquisition.
Développement du projet
A partir de ce premier résultat, une demande de financement (40 000 €) a été faite dans le cadre des projets LEADER (fonds européens). Ce projet a réuni autour des Agriculteurs du Parc, Agribio06 (association de l’agriculture biologique dans le 06), l’écomusée de la Roudoule, le GEDAR Provence Azur, le Conseil de développement et le Parc Naturel Régional des Préalpes d’Azur.
Trois axes de travail ont orienté le projet pendant 3 ans :
• « la RECHERCHE des variétés anciennes » prise en charge notamment par l’Écomusée de la Roudoule, une première pour ce territoire oublié par la pomologie nationale jusqu’à présent ; • « leur CONSERVATION » à travers la formation d’agriculteurs et de particuliers aux fondements de l’arboriculture ; • « leur VALORISATION » par la mise en place de l’atelier collectif de pressage de jus, depuis sa conception jusqu’à la définition du règlement intérieur et de sa forme juridique (Agribio06 et la CUMA de Collongues).
Une des conditions pour que le projet de pressoir mobile soit accepté était une garantie de volume de pommes et de poires. Pour ce faire, le Conseil de Développement du PNR des Préalpes d’Azur, association visant à favoriser la participation citoyenne, a recruté une stagiaire, Melissande Pontieux, dont la mission était de rencontrer des agriculteurs et particuliers qui pouvaient avoir des fruits à presser.
La conclusion de ce travail a révélé un potentiel de 20 tonnes de fruits à presser. Le pressoir mobile est alors apparu comme la solution, le principe étant que les producteurs acheminent les pommes, les poires et les coings vers le pressoir qui lui-même se déplace dans les villages.
Ainsi, après trois années d’utilisation du pressoir de Digne, l’achat du pressoir se fit par l’intermédiaire d’une CUMA, forme juridique adaptée car elle permet d’acheter le matériel, en étant subventionné et de rémunérer les gens qui travaillent ponctuellement sur le pressoir.
Finalement, un pressoir plus petit que celui envisagé au départ a été acheté en 2019. Ce pressoir qui a coûté 12 000 € a été choisi car il était plus léger, plus simple de fonctionnement, plus léger pour son amortissement comptable, plus facile à manipuler. Tout un chacun peut le faire : agriculteurs, habitants, et il se déplace de village en village sur une remorque. Il a une capacité de pressage de 5 000 L (10t) sur une saison. La première année, il a pressé deux à trois tonnes ; la seconde, du fait d’une très grosse production, 6 000 L ont été produits. La limite était atteinte. C’est pourquoi, la solution a été d’acheter un deuxième pressoir mobile avec les économies faites sur le premier. Celui-ci a été confié à une autre association, le GEDAR, association localisée dans la haute vallée du Var.
De fait, chaque vallée dispose aujourd’hui d’un pressoir mobile, ce qui permet de mieux répondre à la demande locale et limite les déplacements ainsi que l’usure du pressoir. Il est à noter que la gestion de ce pressoir (déplacement dans les villages, pressage, entretien, etc.) nécessite un gros travail et un solide réseau de bénévoles.
Relancer les variétés anciennes
D’autre part, les financements européens ont permis de financer un recensement par une ethnobotaniste, Pauline Mayer, des variétés anciennes dans les Alpes-Maritimes. Cette étude qui n’avait jamais été réalisée dans ce département, a duré deux ans et s’est terminée en 2019. Elle a permis de compléter la base de données de la pomologie nationale grâce à la découverte de variétés anciennes, parfois connues dans un seul village. L’étude a aussi éclairé un peu l’histoire de ces fruits.
Au 19ème siècle, à l’échelle du village, les variétés étaient locales. Ensuite, le développement des routes a permis l’arrivée d’autres variétés. L’arboriculture s’est développée au 20ème siècle pour approvisionner les villes. Chaque variété était autrefois adaptée à une utilisation propre : à la consommation l’été, au séchage, à la conservation dans les granges, à la fabrication de cidre, à la distillation.
Plus tard l’évolution des réseaux routiers a relégué la production fruitière française à des régions bien précises, ce qui a conduit à la spécialisation de bassins de production et, par voie de conséquence, à l’abandon de l’arboriculture de montagne.
Aujourd’hui le pressoir valorise tous ces reliquats de l’arboriculture ancienne : des fruits avec des maturités très décalées, souvent d’aspect et saveurs particulières (acides par exemple). Ces caractéristiques n’appâtent pas facilement les consommateurs modernes. Si la plantation de « pommes à eau » avance, une partie sera consommée et le reste sera transformé en jus.
Le jus de fruit est un produit à offrir, qui se vend, qui se troque, ça donne du sens à ce projet de découverte des variétés anciennes. Il y a des vergers conservatoires qui disparaissent faute de budget. La dynamique du pressoir, au contraire, donne envie de redécouvrir cette richesse. Des personnes sont venues se former lors des journées d’apprentissage au greffage et à la taille des arbres.
D’autres ont même planté des arbres et (re)créent des vergers dans ces vallées. Ce n’est pas anodin aujourd’hui, car plus d’arbres, c’est plus de fleurs, plus de pollinisateurs, plus de biodiversité. L’engouement est tel que maintenant l’idée de créer une pépinière locale pour ces variétés est étudiée. Il y a toute une pédagogie à mettre en place pour, par exemple, produire des arbres mieux adaptés aux changements climatiques. En effet, Davide part du principe que des arbres provenant de graines locales et reproduits localement, seront peut-être plus résilients.
Par ailleurs, dans ces vallées où les villages sont animés l’été par les habitants de résidences secondaires, et désertés en automne et en hiver, la venue du pressoir crée pour les habitants un vrai lien social. Une des belles surprises de ce projet a été l’animation importante autour de cet atelier de production de jus, sur la place du village.
Le jour de la venue du pressoir les habitants et habitantes sont au rendez-vous et les activités pour ces bénévoles ne manquent pas : ils.elles aident à la pasteurisation, à la collecte des fruits, à la gestion des déchets, ou plus simplement, ils.elles apportent le casse-croûte pour l’équipe du pressoir. Il y a une vraie demande de participer à ce type d’événement local.
Le pressoir a aussi contribué à porter un autre regard sur ces arbres délaissés et ces terrains enfrichés. Il appuie ainsi, à son échelle, la reconquête de parcelles en déprise et permet aussi aux agriculteurs et agricultrices d’avoir un complément de revenu les années de bonne production de fruits.
Fonctionnement
Les participants, souvent des habitants des hameaux, sont invités à amener les pommes, les poires et les coings et payent un tarif de fabrication comprenant la bouteille. Ils peuvent l’année suivante ramener leurs propres bouteilles, seule la capsule doit être renouvelée à chaque fabrication. Ceci leur permet non seulement de réaliser des économies importantes sur le prix des contenants en verre mais cette démarche se place aussi dans un souci de protection de l’environnement en évitant leur fabrication, leur acheminement et leur recyclage. Ce sont deux sujets très sensibles au sein du réseau de coopérateurs. Pour les personnes qui le souhaitent, les professionnels par exemple qui vendent leur jus, une bouteille neuve peut être fournie par la CUMA.
Conclusion
Ce modèle d’activité est parfaitement reproductible dans des zones rurales ayant un potentiel même limité de production de pommes, de poires et de coings voire d’autres fruits. Il ouvre la voie à des opportunités de travail occasionnel, lors des pressages et aussi permanente, lors de créations de pépinières par exemple.
C’est d’ailleurs sur cet aspect-là que planche actuellement Davide. Après avoir travaillé avec des écoles locales pour sensibiliser les enfants à travers la plantation d’arbres fruitiers à partir de graines récoltées sur le territoire, l’Association des Agriculteurs du Parc cherche aujourd’hui à installer une pépinière locale pour soutenir la relance de l’arboriculture. Dans cette perspective, il s’agit désormais d’étudier la viabilité de cette installation, de sécuriser du foncier pour cette activité et de trouver des porteurs de projets !
En 2016 une quinzaine d’agriculteurs et particuliers avaient ramené environ 3 tonnes de fruits au pressoir. Cette participation inattendue avait imposé de prolonger la journée de pressage prévue jusqu’au lendemain. Malgré les mauvaises récoltes les années suivantes, le pressage se poursuit, jusqu’en 2019, où sont fabriqués environ 4000 litres et presque 6000 en 2020. Etant donné le rendement moyen d’un litre pour 2 kg de fruits, quelques 12 tonnes de fruits ont ainsi été valorisées. Les participants à l’initiative, des habitués et des nouveaux qui se rajoutent chaque année, sont désormais plus de 50 dans les ateliers des deux vallées. En dépit des augmentations du coût de la vie, le projet souhaite maintenir l’accès au pressoir pour tous les participants. Ainsi, le coût de fabrication est débattu en AG chaque année et est de 1,60€ le litre TTC, bouteille comprise, dès l’automne 2019, année de l’acquisition.
• Propos recueillis par Marc Dhenin, ami de la Conf 56 et membre du comité de rédaction de Campagnes Solidaires représentant les Ami.e.s de la Conf national