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4 pages – L’EAU !

Sècheresse, irrigation intensive et méga-bassines… L’actualité est dense et urgente sur le sujet de l’eau. C’est pourquoi, les Salons à la ferme mettront cette année un coup de projecteur sur cette thématique et ses enjeux !

Côté Ami.e.s, nous vous proposons ce 4 pages thématiques. Une première version pour initier des discussions sur le sujet, qui sera prochainement complétée par une version plus approfondie. Des formats papier seront bientôt disponibles à Bagnolet. N’hésitez pas à nous contacter pour en recevoir.

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PAYS DE LA LOIRE -TRANSMISSION ET INSTALLATION

Les Ami.e.s de la Conf’ du Maine-et-Loire, constitués sous forme d’association locale, étaient présents de lors de la dernière Fête paysanne de la Conf’. Ils ont pu y rencontrer d’autres nouveaux Ami.e.s du secteur et étoffer la dynamique locale !

Leur page Facebook.

Après une soirée conviviale prévue le 4 octobre, les Ami.e.s des Pays de la Loire prévoient un cycle de réunions par secteur sur le département sur la thématique de l’eau avec une hydrologue et les collègues de la Conf’. Sujet crucial pour les années à venir et ce dès à présent ! N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez rejoindre l’équipe !

En attendant, ci-dessous un article publié à l’occasion des élections régionales de 2021, sur l’un des enjeux phares de cette région – valable pour de nombreuses autres régions d’ailleurs – !

PAYS DE LA LOIRE – TRANSMISSION ET INSTALLATION EN AGRICULTURE. POURQUOI EST-IL ESSENTIEL DE TRANSMETTRE ET D’INSTALLER DES PAYSANS ? DES INITIATIVES QUI VONT DANS LE BON SENS !

La Région Pays de la Loire a bien identifié la problématique dans son schéma de développement économique de 2016, puis récemment selon sa vision de la PAC avec ses quatre objectifs :
► une agriculture qui fait face au défi du renouvellement des générations ;
► une agriculture résiliente ;
► une agriculture qui accompagne la transition des entreprises vers la durabilité et l’agroécologie ;
► l’agriculture, l’agroalimentaire et la forêt au cœur des territoires et de la ruralité


Au regard des intentions, nous pouvons qualifier la politique agricole régionale de volontariste, mais avec des moyens limités, voire en contradiction quand on sait que les aides attribuées au maintien de l’agriculture biologique ont été supprimées en 2019 et qu’il n’y a pas d’appui DRAAF / Région concernant les propositions faites par les réseaux favorables à l’agriculture paysanne.
Sur le terrain, les structures de réseau se mobilisent (par exemple l’ARDEAR (Association Régionale pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural) / GAB (Groupement des Agriculteurs Biologiques) / CIAP (Coopérative d’Installation en Agriculture Paysanne) ) pour accompagner les cédants, les sensibiliser au fait que leurs fermes, même si elles sont de petite taille, sont reprenables par un porteur de projet. Cela se traduit par des diagnostics d’exploitation, des sessions de réflexion collective sur les projets de transmission, de participation à des cafés transmission/installation.


Préalablement à tout ce travail de concertation, il est indispensable d’avoir un travail de repérage des fermes à transmettre, d’identification soit par des référents de territoire, paysans et / ou citoyens, soit par des collectivités communales pour être plus efficient. C’est ainsi que dans la Sarthe, Terre de liens, le GAB et la CIAP ont mis en commun leurs compétences pour proposer aux collectivités, à leur demande un accompagnement de modules d’actions à la carte.


Ces actions sont de tous ordres. Cela peut être une étude d’opportunité pour identifier dans la commune des parcelles pertinentes à l’installation de maraîchers, de mobiliser les acteurs de la commune pour un projet territorial, puis de rechercher et accompagner des porteurs de projet avec un stage de paysan créatif, ou encore l’aide à la création d’un groupe d’appui local.


Les porteurs de projets accompagnés par la CIAP s’installent à plus de 80 %. La CIAP est un organisme de formation destiné aux jeunes non issu.e.s du milieu agricole. Par son stage « paysan créatif », le futur paysan s’initie aux réalités de son projet. Il est accompagné ensuite selon son souhait par le portage temporaire d’activité, ou au préalable il est invité à se former dans un espace test en maraîchage de Loire Atlantique ou du Maine et Loire.


Très insuffisantes actuellement, nous demandons à nos élu.e.s que toutes les initiatives et actions pour la transmission et l’installation de jeunes paysan.ne.s soient relayées, soutenues, appuyées, afin de reconquérir une dynamique et une vitalité paysanne dans nos territoires.

Plus fort.e.s avec nos Ami.e.s !

Les Ami.e.s sont à l’honneur dans le numéro de septembre de Campagnes solidaires, qui y consacre son dossier. Pour l’occasion, le numéro est exceptionnellement téléchargeable gratuitement ICI !

Pour en découvrir plus et soutenir la Conf’, n’hésitez pas à commander les prochains Campagnes solidaires, ou mieux (!), à vous abonner !


Plus d’infos ici :
https://www.confederationpaysanne.fr/campagnes_solidaires.php?dernier=1

Des Ami.e.s dans les Alpes maritimes !

Plusieurs adhérents Ami.e.s se sont réunis cet été dans les Alpes maritimes avec l’idée de participer plus activement lors d’événements locaux avec un stand des Ami.e.s de la conf’. L’idée se poursuit, en lien avec la Conf’ locale ; n’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez être mis en lien.

En attendant, un peu de lecture autour d’un riche retour d’expérience dans la région : un pressoir mobile !

Une expérience de pressoir mobile pour valoriser des variétés fruitières anciennes et créer du lien dans le haut pays des Alpes-Maritimes.


D’après un échange avec :
• Davide Fabbri, Co-président de l’Association des Agriculteurs du Parc Naturel Régional – PNR – des Préalpes d’Azur ; arboriculteur de formation et travaillant avec sa femme en élevage de brebis laitières, adhérente à la Conf’
• Léo Raymond, adhérent aux Ami.e.s de la Conf’ et salarié du Conseil de développement du Parc Naturel Régional des Préalpes d’Azur Historique du projet

Au départ, Davide ayant suivi un parcours d’arboriculteur désirait créer un atelier de pressage de jus de fruits, à titre personnel, sur sa ferme. Ce projet, après avoir mûri, est devenu un projet collectif pour une autre finalité et à une autre échelle.
Cette initiative a vu le jour début 2015 avec l’appui des agriculteurs du Parc Naturel Régional des Préalpes d’Azur, ce parc des Alpes-Maritimes étant limitrophe du PNR du Verdon et du Parc National du Mercantour.
Dans ce territoire, la production aléatoire due aux gelées de printemps n’a jamais permis la création d’une arboriculture comme celle pratiquée dans la Drôme. De plus, l’abandon des cultures vivrières dans les villages et leur désertification suite à l’exode rural a laissé l’élevage de brebis de viande comme activité agricole majoritaire. L’arboriculture familiale a alors largement décliné.
Ayant pas mal circulé dans la Vallée de l’Estéron et la Vallée du Haut Var, Davide s’est aperçu qu’il existait encore un patrimoine conséquent : des arbres fruitiers cachés dans les broussailles, à valoriser. C’est ainsi que l’idée du pressoir à la ferme devint un pressoir collectif.


L’idée: permettre aux paysan.ne.s et aux particuliers de valoriser leurs pommes et leurs poires à travers la production de jus pasteurisés.


Des expériences mises en place par le territoire voisin (PNR du Verdon) ont inspiré la réflexion du projet qui a été façonné par les contraintes du territoire des Préalpes d’Azur, à savoir l’isolement des habitant.e.s et la topographie, qui affaiblissent le développement du travail collectif. La première journée de pressage a eu lieu en 2016 avec un pressoir mobile venant de Digne géré par l’association Fruits d’Avenir qui œuvrait notamment sur le territoire du PNR du Verdon.

L’association locale avait fait de la publicité auprès des agriculteurs / agricultrices et particuliers pour qu’ils viennent sur la place publique transformer leurs pommes en jus.
Grande surprise  : alors que l’association tablait sur un volume de 2,5 tonnes, la quantité pressée était supérieure aux prévisions.


Ce partenariat très enrichissant a permis pendant trois années de suite de créer un premier réseau de cueilleurs de fruits abandonnés répondant présents au rendez-vous d’automne avec le pressoir mobile, ce qui allait devenir une occasion majeure de se retrouver. Autour de ce collectif se monte progressivement l’atelier de pressage local, qui s’envole de ses propres ailes dès l’automne 2019, année de l’acquisition.


Développement du projet


A partir de ce premier résultat, une demande de financement (40 000 €) a été faite dans le cadre des projets LEADER (fonds européens). Ce projet a réuni autour des Agriculteurs du Parc, Agribio06 (association de l’agriculture biologique dans le 06), l’écomusée de la Roudoule, le GEDAR Provence Azur, le Conseil de développement et le Parc Naturel Régional des Préalpes d’Azur.


Trois axes de travail ont orienté le projet pendant 3 ans :

• « la RECHERCHE des variétés anciennes  » prise en charge notamment par l’Écomusée de la Roudoule, une première pour ce territoire oublié par la pomologie nationale jusqu’à présent ;
• « leur CONSERVATION » à travers la formation d’agriculteurs et de particuliers aux fondements de l’arboriculture ;
• « leur VALORISATION » par la mise en place de l’atelier collectif de pressage de jus, depuis sa conception jusqu’à la définition du règlement intérieur et de sa forme juridique (Agribio06 et la CUMA de Collongues).


Une des conditions pour que le projet de pressoir mobile soit accepté était une garantie de volume de pommes et de poires. Pour ce faire, le Conseil de Développement du PNR des Préalpes d’Azur, association visant à favoriser la participation citoyenne, a recruté une stagiaire, Melissande Pontieux, dont la mission était de rencontrer des agriculteurs et particuliers qui pouvaient avoir des fruits à presser.

La conclusion de ce travail a révélé un potentiel de 20 tonnes de fruits à presser. Le pressoir mobile est alors apparu comme la solution, le principe étant que les producteurs acheminent les pommes, les poires et les coings vers le pressoir qui lui-même se déplace dans les villages.


Ainsi, après trois années d’utilisation du pressoir de Digne, l’achat du pressoir se fit par l’intermédiaire d’une CUMA, forme juridique adaptée car elle permet d’acheter le matériel, en étant subventionné et de rémunérer les gens qui travaillent ponctuellement sur le pressoir.

Finalement, un pressoir plus petit que celui envisagé au départ a été acheté en 2019. Ce pressoir qui a coûté 12 000 € a été choisi car il était plus léger, plus simple de fonctionnement,
plus léger pour son amortissement comptable, plus facile à manipuler.
Tout un chacun peut le faire : agriculteurs, habitants, et il se déplace de village en village sur une remorque. Il a une capacité de pressage de 5 000 L (10t) sur une saison. La première année, il a pressé deux à trois tonnes ; la seconde, du fait d’une très grosse production, 6 000 L ont été produits. La limite était atteinte.
C’est pourquoi, la solution a été d’acheter un deuxième pressoir mobile avec les économies faites sur le premier. Celui-ci a été confié à une autre association, le GEDAR, association localisée dans la haute vallée du Var.


De fait, chaque vallée dispose aujourd’hui d’un pressoir mobile, ce qui permet de mieux répondre à la demande locale et limite les déplacements ainsi que l’usure du pressoir.
Il est à noter que la gestion de ce pressoir (déplacement dans les villages, pressage, entretien, etc.) nécessite un gros travail et un solide réseau de bénévoles.


Relancer les variétés anciennes


D’autre part, les financements européens ont permis de financer un recensement par une ethnobotaniste, Pauline Mayer, des variétés anciennes dans les Alpes-Maritimes.
Cette étude qui n’avait jamais été réalisée dans ce département, a duré deux ans et s’est terminée en 2019. Elle a permis de compléter la base de données de la pomologie nationale grâce à la découverte de variétés anciennes, parfois connues dans un seul village. L’étude a aussi éclairé un peu l’histoire de ces fruits.


Au 19ème siècle, à l’échelle du village, les variétés étaient locales.
Ensuite, le développement des routes a permis l’arrivée d’autres variétés.
L’arboriculture s’est développée au 20ème siècle pour approvisionner les villes. Chaque variété était autrefois adaptée à une utilisation propre : à la consommation l’été, au séchage, à la conservation dans les granges, à la fabrication de cidre, à la distillation.


Plus tard l’évolution des réseaux routiers a relégué la production fruitière française à des régions bien précises, ce qui a conduit à la spécialisation de bassins de production et, par voie de conséquence, à l’abandon de l’arboriculture de montagne.

Aujourd’hui le pressoir valorise tous ces reliquats de l’arboriculture ancienne : des fruits avec des maturités très décalées, souvent d’aspect et saveurs particulières (acides par exemple). Ces caractéristiques n’appâtent pas facilement les consommateurs modernes. Si la plantation de « pommes à eau » avance, une partie sera consommée et le reste sera transformé en jus.

Le jus de fruit est un produit à offrir, qui se vend, qui se troque, ça donne du sens à ce projet de découverte des variétés anciennes. Il y a des vergers conservatoires qui disparaissent faute de budget. La dynamique du pressoir, au contraire, donne envie de redécouvrir cette richesse.
Des personnes sont venues se former lors des journées d’apprentissage au greffage et à la taille des arbres.

D’autres ont même planté des arbres et (re)créent des vergers dans ces vallées. Ce n’est pas anodin aujourd’hui, car plus d’arbres, c’est plus de fleurs, plus de pollinisateurs, plus de biodiversité. L’engouement est tel que maintenant l’idée de créer une pépinière locale pour ces variétés est étudiée. Il y a toute une pédagogie à mettre en place pour, par exemple, produire des arbres mieux adaptés aux changements climatiques. En effet, Davide part du principe que des arbres provenant de graines locales et reproduits localement, seront peut-être plus résilients.


Par ailleurs, dans ces vallées où les villages sont animés l’été par les habitants de résidences secondaires, et désertés en automne et en hiver, la venue du pressoir crée pour les habitants un vrai lien social. Une des belles surprises de ce projet a été l’animation importante autour de cet atelier de production de jus, sur la place du village.

Le jour de la venue du pressoir les habitants et habitantes sont au rendez-vous et les activités pour ces bénévoles ne manquent pas : ils.elles aident à la pasteurisation, à la collecte des fruits, à la gestion des déchets, ou plus simplement, ils.elles apportent le casse-croûte pour l’équipe du pressoir. Il y a une vraie demande de participer à ce type d’événement local.


Le pressoir a aussi contribué à porter un autre regard sur ces arbres délaissés et ces terrains enfrichés. Il appuie ainsi, à son échelle, la reconquête de parcelles en déprise et permet aussi aux agriculteurs et agricultrices d’avoir un complément de revenu les années de bonne production de fruits.

Fonctionnement

Les participants, souvent des habitants des hameaux, sont invités à amener les pommes, les poires et les coings et payent un tarif de fabrication comprenant la bouteille. Ils peuvent l’année suivante ramener leurs propres bouteilles, seule la capsule doit être renouvelée à chaque fabrication. Ceci leur permet non seulement de réaliser des économies importantes sur le prix des contenants en verre mais cette démarche se place aussi dans un souci de protection de l’environnement en évitant leur fabrication, leur acheminement et leur recyclage.
Ce sont deux sujets très sensibles au sein du réseau de coopérateurs. Pour les personnes qui le souhaitent, les professionnels par exemple qui vendent leur jus, une bouteille neuve peut être fournie par la CUMA.


Conclusion


Ce modèle d’activité est parfaitement reproductible dans des zones rurales ayant un potentiel même limité de production de pommes, de poires et de coings voire d’autres fruits. Il ouvre la voie à des opportunités de travail occasionnel, lors des pressages et aussi permanente, lors de créations de pépinières par exemple.


C’est d’ailleurs sur cet aspect-là que planche actuellement Davide. Après avoir travaillé avec des écoles locales pour sensibiliser les enfants à travers la plantation d’arbres fruitiers à partir de graines récoltées sur le territoire, l’Association des Agriculteurs du Parc cherche aujourd’hui à installer une pépinière locale pour soutenir la relance de l’arboriculture. Dans cette perspective, il s’agit désormais d’étudier la viabilité de cette installation, de sécuriser du foncier pour cette activité et de trouver des porteurs de projets !


En 2016 une quinzaine d’agriculteurs et particuliers avaient ramené environ 3 tonnes de fruits au pressoir. Cette participation inattendue avait imposé de prolonger la journée de pressage prévue jusqu’au lendemain. Malgré les mauvaises récoltes les années suivantes, le pressage se poursuit, jusqu’en 2019, où sont fabriqués environ 4000 litres et presque 6000 en 2020. Etant donné le rendement moyen d’un litre pour 2 kg de fruits, quelques 12 tonnes de fruits ont ainsi été valorisées. Les participants à l’initiative, des habitués et des nouveaux qui se rajoutent chaque année, sont désormais plus de 50 dans les ateliers des deux vallées. En dépit des augmentations du coût de la vie, le projet souhaite maintenir l’accès au pressoir pour tous les participants. Ainsi, le coût de fabrication est débattu en AG chaque année et est de 1,60€ le litre TTC, bouteille comprise, dès l’automne 2019, année de l’acquisition.

• Propos recueillis par Marc Dhenin, ami de la Conf 56 et membre du comité de rédaction de Campagnes Solidaires représentant les Ami.e.s de la Conf national

Nos Conseils d’administration 2022

Voilà les dates de CA prévues pour l’année à venir ! N’hésitez pas à nous écrire si vous souhaitez qu’un sujet soit mis à l’ordre du jour :

  • Mardi 5 avril (17h- 19h) : CA intermédiaire en visio
  • Mardi 3 mai (16h- 19h ou 20h) : CA Bagnolet (format mixte présentiel / visio)
  • Lundi 13 juin – 17h-19h : CA intermédiaire en visio
  • sam / dimanche 25 / 26 juin : AG Ami.e.s Loire
  • samedi 9 juillet : CA post AG Amis Bagnolet
  • samedi 10 sept : CA de rentrée Bagnolet (Merc 7 & jeudi 8 sept : CN Conf’ de rentrée)
  • samedi 22 octobre : CA Bagnolet (Mardi 18 & merc 19 oct : CN Conf)
  • samedi 10 décembre (10h- 16h) : CA Bagnolet

Retour sur l’AG 2021 // Table ronde autour de la Démocratie alimentaire

Retour sur l’assemblée générale des Ami.e.s de la Conf’

Le week-end du 27 novembre 2021, s’est déroulée l’assemblée générale de notre association à Bagnolet. Un plaisir de pouvoir enfin se retrouver ensemble pour discuter de l’année écoulée et prévoir celle à venir.

L’occasion aussi de partir à la rencontre des associations locales qui entourent Bagnolet. Nous sommes allés vendredi à la rencontre de l’association Le sens de l’humus. Ils entretiennent et font vivre une parcelle des Murs à pêches de Montreuil pour sensibiliser les habitant.e.s du quartier et des personnes précarisées, au jardinage et au recyclage, dans un esprit d’inclusion et d’hospitalité.

Les Murs à pêches, qu’est-ce que c’est ?

La trace d’une agriculture réfléchie, les murs servent à emmagasiner la chaleur pour permettre aux fruits de mûrir. Cette façon de produire, très technique, a été permise grâce à un débouché de prestige, celui du roi Louis XIV.

La fin de journée s’est déroulée sur le marché paysan qui se tient chaque vendredi à la Société régionale d’horticulture, plus communément appelée Jardin-école de Montreuil. Là aussi, le patrimoine, la transmission et l’insertion dans le tissu local sont au cœur de leur activité. Nous y avons retrouvé des paysans confédérés, a qui nous avons acheté de quoi faire un apéritif dînatoire et la soupe du dimanche midi.

Le samedi matin était réservé à la validation formelle des rapports financiers et d’activités 2020 (eh oui ! Les restrictions ne nous avaient pas permis de nous retrouver plus tôt !). L’article 8 des statuts a notamment été modifié, pour permettre le vote par correspondance et/ou à distance en cas de nécessité. Et nous souhaitons la bienvenue aux nouveaux.elles administrateurs.trices : Mathieu, Georges, et Christiane, un grand merci pour leur investissement.

Les référents des différents groupes locaux ont pu s’exprimer, exposer leurs projets et leurs difficultés. À ce jour une petite vingtaine de groupes existent ou se forment peu à peu.

Le repas nous a généreusement et délicieusement été servi par Les Monts de l’Utopie, une équipe qui vient régulièrement régaler les paysan.ne.s du Comité national de la Conf’ et qui est basée dans les Vosges d’où vient Thierry Jacquot, paysan du secrétariat national de la Conf’ qui fait le lien avec les Ami.e.s.

L’après-midi a été riche de partages d’expériences, nous avions la chance d’avoir avec nous :

  • Bénédicte Bonzi, anthropologue spécialisée dans l’aide alimentaire et dans les violences alimentaires.
  • Mireille Alphonse, adjointe au Maire, déléguée à la Transition, à la démocratie alimentaire et en charge de la Cantine publique à Montreuil.
  • Aurélien Denaes, cofondateur de tiers-lieux à Malakoff (92), Conseiller municipal délégué à l’alimentation, la restauration collective et aux circuits courts de la Ville de Malakoff.
  • Henry-George Madelaine, responsable de l’essaimage, du Champ Commun, société coopérative d’intérêt collectif / tiers-lieu à Augan (56)

Des témoignages éclairants, motivants, et inspirants pour aborder les thèmes de la démocratie alimentaire et de la souveraineté alimentaire. Ils se sont suivis d’échanges sur les leviers d’actions pour mettre en marche la démocratie alimentaire au sein des Ami.e.s de la Conf’.

Après la table ronde, des ateliers ont suivi, qui ont permis à chacun de s’exprimer, de comprendre les leviers d’actions possibles et ceux encore à imaginer !

TABLE-RONDE : A retrouver en vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=LVhWEAUs73U

Où et comment faire advenir la démocratie alimentaire pour que l’on puisse vraiment décider de notre alimentation ? 

Dans le cadre de notre campagne « Décidons de notre alimentation ! », nous souhaitons que les citoyens puissent avoir voix au chapitre en matière d’agriculture et d’alimentation dont nous devrions débattre de manière publique et démocratique.

Pour échanger sur le sujet, nous invitons autour de la table :

  • Bénédicte Bonzi, anthropologue spécialisée sur l’aide alimentaire et les violences alimentaires (post-doc à l’EHESS).
  • Mireille Alphonse, adjointe au Maire de Montreuil, déléguée à la Transition, à la démocratie alimentaire et en charge de la Cantine publique
  • Aurélien Denaes, co-initiateur de tiers-lieux à Malakoff (92), membre du Conseil National des Tiers-lieux, conseiller municipal délégué à l’alimentation, la restauration collective et aux circuits courts de Malakoff
  • Henry George Madelaine, co-gérant du Champ Commun, société coopérative d’intérêt collectif / tiers-lieu nourricier à Augan (56)
  • Thierry Jacquot, du secrétariat national de la Conf’, se dit citoyen avec fonction de « paysan », un métier d’utilité publique, altermondialiste, et écoute les échanges. 

Des questions et des constats vertigineux sont posés. Comment lutter contre la précarité alimentaire qui touche près de 10 millions de personnes en France ? Que faire contre la violence de notre système ? Comment se parler entre classes sociales et culturelles éloignées ? 

Les échanges avec les intervenants nous apportent des éclairages et des idées pour continuer à œuvrer pour plus de démocratie dans l’alimentation.

Pour mieux comprendre, il faut relier sécurité, souveraineté et démocratie

Je vois ces notions comme en escalier, chacune représentant un palier. Quand on n’est pas en situation de sécurité alimentaire, on n’arrive pas à penser à ceux qui produisent. On a donc d’abord besoin de sécurité. Quand on arrive à faire la différence entre une pomme et une autre pomme, qu’on arrive à s’approprier les différentes dimensions, qu’on sait qui fait quoi, on peut atteindre l’autre palier, la souveraineté alimentaire. Quand on ne se contente plus de penser mais qu’on veut développer des parallèles et agir, c’est le dernier palier, la démocratie. (Bénédicte)

L’alimentation est vitale et essentielle pour le vivre-ensemble. 

C’est une formidable clé pour renouer avec la démocratie. L’accès à l’alimentation, c’est le premier sujet politique qui existe, c’est le premier qui nous rassemble car on est tous humains, on a tous besoin de manger. Le commun essentiel de manger ensemble, cet acte-là c’est la base de la politique. C’est le levier qui va nous permettre de redonner envie de faire de la politique ensemble, les gens comprennent bien qu’il y a là quelque chose d’essentiel. (Mireille)

Des lieux pour faire vivre la démocratie

Le tiers lieu, c’est un échelon manquant dans notre société. Il y a les associations mais il faut aussi des espaces de rassemblement et de (re)politisation, des lieux pour organiser la révolution. La démarche est « fonctionnelle » : on rentre dans un tiers-lieu par l’envie de manger, de travailler, de rencontres, on discute, on vit un échange émotionnel, on fait la fête, on vit des choses fortes ensemble. Les gens attaquent les sujets alimentaires par le « fonctionnel » (besoin de manger) et pas d’abord par le politique. » (Aurélien)

« La démocratie alimentaire, c’est répondre à des besoins qui ne sont pas que physiologiques et culinaires mais aussi sociaux. Notre lieu « Le Champ commun » est une réponse à des manques en milieu rural. Ce n’est pas qu’une épicerie, c’est un lieu de convivialité, au centre du bourg, » (Henry-George)

« Les marchés paysans sur la place Jean Jaurès, à Montreuil, ça a fait beaucoup pour la prise de conscience sur ces sujets. » (Mireille)

Pour des réseaux entre communes

– un réseau d’élus municipaux délégués à l’alimentation

Il y a de plus en plus d’élus délégués à l’alimentation en mairie. C’est un signal politique conséquent. Il faut qu’on travaille ensemble, pourquoi pas à travers un réseau. (Aurélien et Mireille)

– repenser les liens entre territoires

Les élus doivent se lier avec d’autres territoires, d’abord par le biais de la restauration collective, l’organisation de la filière, la coopération entre paysans…(Aurélien)

On ne peut pas faire de l’hyperlocal, même à la campagne, il faut se parler entre territoires. (Aurore)

Faire des jumelages avec des territoires ruraux, on va pouvoir construire des choses intéressantes en termes de solidarité entre les rats des villes et les rats des champs. Il faut aussi travailler avec les chercheurs et des spécialités différentes. (Mireille)

La SSA comme ligne d’horizon

La SSA, au début je n’y comprenais rien. Aujourd’hui ça me fait du bien parce que c’est une ligne d’horizon qui se dégage devant moi, un moyen de tout décomposer d’une part, et d’autre part, de remettre les morceaux du puzzle à une place juste pour ne pas reproduire ce système qui détruit des personnes et qui est insupportable. Il y a des choses à combattre, mais face à nous on a des moyens et des savoirs faire incroyables pour produire autre chose. (Bénédicte)

S’indigner, s’engager, expérimenter, essaimer, à toutes les échelles. Ne pas attendre que cela arrive d’en haut mais faire. 

« Cette indignation au nom d’une justice est viscérale. Aux Restos du cœur, j’ai appris la volonté, et l’engagement viscéral des bénévoles. Il y a  des résistances qui tiennent depuis longtemps. » Bénédicte

 « Il se veut modeste par principe comme un grain de sable bien solide dans les engrenages du capitalisme et de la croissance toujours plus forte. Accompagner des porteurs de projets locaux mais à condition qu’ils s’associent avec les citoyens pour la vitalité même du projet et sa pérennité. C’est un projet populaire. Horizon d’auto-gestion, participation citoyenne ou dans le partage de son expérience dans l’essaimage, une demande de sens d’abord.» Henry-George

« On peut dépasser les fatalismes qui bloquent les personnes dans leurs habitudes quand il n’y a pas de plaisir. L’idée c’est de faire ses courses, boire un coup, et écouter un concert, ne pas être que des consommateurs. Ces actions locales agissent au national ! Prendre un compte que nos actions modestes, elles agissent sur le global, et il y a de plus en plus de personnes conscientes, et demandeuses de faire bouger les choses. Longue vie à nos organisations, qu’elles se développent afin de nourrir les consciences, faire un modèle équitable et solidaire pour tous les peuples.»  Thierry

Restauration scolaire ? Être dans les instances ?

DÉMOCRATIE ALIMENTAIRE

Conceptualisée pour la première fois en 1998 par Tim Lang, la démocratie alimentaire désigne une volonté et une revendication des citoyen.ne.s à reprendre le pouvoir sur la façon d’accéder à leur alimentation, en lien avec le modèle agricole qui la produit. Dominique Paturel, chercheuse à l’INRAE autour de l’aide alimentaire, y ajoute la notion de « justice sociale – à travers l’accès, la participation et le pouvoir d’agir – et celle de citoyenneté, et ce pour l’ensemble des acteurs du système alimentaire (producteurs, transformateurs, distributeurs, consommateurs). Voir définitions dans les deux ouvrages récents Le droit à l’alimentation durable en démocratie de 2020 et Nourrir : quand la démocratie alimentaire passe à table de 2021.

Nous sommes ainsi intéressés par les mécanismes et dynamiques qui visent à ce que les citoyens puissent avoir voix au chapitre sur ces enjeux dont nous devrions débattre de manière publique et démocratique. 

Nous connaissons des initiatives qui sont portées par la société civile comme les AMAPS, d’autres qui se sont institutionnalisées comme les PAT (projets alimentaires territoriaux), d’autres encore qui semblent être dans un processus d’institutionnalisation comme la dynamique actuelle pour une mise en réseau de tiers-lieux, notamment de tiers-lieux nourriciers suite à une recherche-action en 2019-2020 sur ces lieux (cycle de webinaires actuellement). Des collectifs dont les Ami.e.s de la Conf’ sont membres se sont créés pour agir sur les politiques publiques phares ayant un impact sur l’alimentation comme

  • « Pour une autre PAC » qui souhaite un changement de modèle et revendique une place plus importante des citoyens dans les décisions
  • ou bien le « Collectif pour une sécurité sociale de l’alimentation » qui cherche un outil pour rendre effectif le droit à l’alimentation via un système inspiré de la sécurité sociale de santé.
  • On peut également penser aux collectifs autour de la restauration scolaire qui existent très localement et qui ont influencé des décisions à l’échelon municipal, ainsi que les mesures de la loi EGalim pour la restauration scolaire.

TABLE DE LIBRAIRIE

Ressources bibliographiques : 

– Notre kit de mobilisation des Ami.e.s de la Conf’ 2019 pour « Décidons de notre alimentation » http://lesamisdelaconf.org/wp-content/uploads/LACP-Kit-de-mobilisation-WEB-1.pdf

-Notre kit « Regards d’Ami.e.s de la Conf’ sur le rôle des régions » : http://lesamisdelaconf.org/2021/05/17/regards-dami-e-s-de-la-conf-sur-le-role-des-regions/

– Livre Le droit à l’alimentation durable en démocratie– ouvrage collectif de Dominique Paturel et Patrice Ndiaye (2020)

– Livre Nourrir : quand la démocratie alimentaire passe à table de François Collart Dutilleul (2021)

– Brochure « Les Tiers-Lieux Nourriciers, engagés pour la transition agroécologique et alimentaire » (2020) : https://nourriciers.tierslieux.net/?Banque

https://securite-sociale-alimentation.org/

https://pouruneautrepac.eu/politique-agricole-et-alimentaire-souhaitee/

– Article « Les projets alimentaires territoriaux (PAT), entre rupture, transition et immobilisme ? » Gilles Maréchal, Julien Noel, Frederic Wallet : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02139732/document

– Livre The Great Good Place: Cafes, Coffee

Shops, Bookstores, Bars, Hair Salons, and Other Hangouts at the Heart of a Community, 1989, Ray Oldenburg