[Projection-débat à Villeurbanne – 31 janvier 2019] Quelle agriculture pour quelle eau ?

Une vingtaine de personnes étaient présentes  pour cette soirée à la MJC de Villeurbanne, salle de projection « La Balise 46 « , à l’occasion de la projection-débat autour du film « Pour quelques grains d’or », tourné en 2009 en Charente maritime.Cette soirée a donné lieu à des échanges très nourris avec la salle et des discussions qui se sont prolongées autour d’un verre au bar de la MJC !

  • Projection : « Pour quelques grains d’or » (Année et lieu de tournage : 2009 – Charente Maritime)

Film de 53min disponible sur internet : https://vimeo.com/141515430

Dans cette région, les agriculteurs produisent du maïs qui nécessite beaucoup d’eau. En été, l’irrigation des cultures consomme jusqu’à 80% des réserves d’eau.

L’urbanisation et les cultures n’ont cessé d’assécher les zones humides ainsi que les nappes phréatiques qui sont également polluées par les nitrates dû au ruissellement des pesticides qui, certaines années, ont rendu malade et ont ravagé les élevages d’huitres situés à l’embouchure avec l’Océan Atlantique.

Parmi les principales problématiques liées au maïs et qui ont été dénoncées lors de cette soirée on retrouve la fixation des prix des céréales en bourses ainsi que le contrôle d’une majorité des semences par des organismes tel que Monsanto/Bayer qui décident également de la manière dont ces semences doivent être cultivées (traitements au glyphosate vendu par les mêmes firmes).
De plus, ce maïs est très gourmand en eau alors que les réserves du territoire ne cessent de diminuer et qu’aucune solution viable n’a été décidée, bien que des propositions soient faîtes, pour assurer la pérennité de cette ressource. En effet, la construction de réservoirs bétonnés ne représente pas une solution convenable et durable.
Enfin, les récoltes de maïs sont principalement utilisées pour nourrir les animaux en batterie, à condition d’y ajouter des apports protéiques comme des farines animales en grande partie importées des Etats-Unis… Bienvenu dans l’empire de la consommation

Mais des solutions existent. En France, il y a l’exemple de Vittel qui, depuis un moment déjà, a compris l’importance de l’eau et a mis en place un accord entre la ville (par le biais de Maires très impliqués notamment) et les agriculteurs afin de conserver une eau de qualité et non polluée qui ne nécessite donc pas de traitement supplémentaire. De plus, on retrouve ce système dans d’autres villes du globe comme Munich et New-York par exemple ce qui prouve que c’est un système viable.

Concernant les cultures, il faudrait fortement réduire la production de maïs qui est à l’origine une plante tropicale qui consomme beaucoup d’eau au profit de cultures mieux adaptées à notre territoire, qui sont moins gourmandes en eau et qui demande moins, voire aucun, traitement aux produits phytosanitaires, et qui possèdent des applications similaires au maïs (nourrir le bétail) comme la luzerne qui est plus riche en protéines ou le sorgho qui, à surface égale mais sans compter le temps de travail, est plus rentable à cultiver que le maïs.

 

  • Débat :

Les intervenants venaient de différentes régions (Charente-Maritime ; Auvergne/Rhône-Alpes) ce qui a permis d’avoir une vision plus générale du territoire et de ses contraintes. De plus, ils ont apporté des réponses et des informations supplémentaires aux personnes venues assistées à cette soirée.

Parmi ces informations, nous avons notamment appris que :

  • Des sources de la Vallée d’Azergues ont été coupées pour être ensuite déviées et reliées à la Saône dans le but de prévenir les risques de sécheresse. Et certains agriculteurs sont obligés d’utiliser l’eau polluée du Rhône pour irriguer leurs cultures car les sources dont ils dépendaient ont été asséchées par les forages créés pour alimenter les piscines des habitants. Alors qu’il suffirait de repenser notre gestion du cycle de l’eau ainsi que son utilisation car les exemples où ce cycle fut réadapté aux ressources disponibles ont mis en lumière la résilience de l’environnement car la situation (quantité et qualité de l’eau principalement) n’a cessé de s’améliorer avec le temps.

 

De plus, d’autres sources en AURA ont été fermées par les agences de santé car des normes toujours plus poussées amènent à demander l’installation de systèmes de traitement trop coûteux et donc impossible à mettre en place.

 

  • Concernant l’indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) qui est une aide qui vient soutenir les agriculteurs installés dans des territoires où les conditions de productions sont plus difficiles qu’ailleurs, du fait de contraintes naturelles ou spécifiques. Certains exploitants se sont vu retirer leur part de cette aide afin qu’elle soit reversée à la plaine de l’Ain dans le but de prévenir les risques de sécheresse qui s’intensifient avec les années.

 

  • Au niveau de l’agglomération lyonnaise, il suffirait de mettre en place une plateforme afin d’organiser la filière des fermes à taille humaine car ces dernières présentent déjà une diversification des productions leur permettant d’être en mesure de nourrir l’agglomération.

 

  • La PAC est là pour donner des outils d’orientation à l’échelle européenne qui sont ensuite adoptés ou non par chaque pays.
    En France, c’est notamment le rôle de l’état et de la FNSEA. Or, lors de ce débat, les intervenants ont dénoncé le fait que la FNSEA ne cherche pas à satisfaire réellement les agriculteurs et préfère conserver le modèle actuel avec des rendements plafonnés plutôt que d’être force de progrès en soutenant le développement d’une agriculture biologique qui présentent pourtant de plus en plus d’aspects positifs (production et profits qui s’améliorent avec le temps ; respect de l’environnement ; santé des producteurs et des consommateurs ; etc).

 

  • Enfin, un intervenant du collectif Eau-bien commun AURA a rappelé qu’en France, les factures d’eau payées par les citoyens permettent de payer la quasi-totalité du système de gestion de l’eau, et donc que l’on devrait pouvoir décider de la manière de gérer l’eau que nous utilisons et que nous consommons chaque jour. Et pourtant, dans beaucoup de cas, ce ne sont pas les villes mais des firmes (Véolia ; Suez ; etc) qui sont chargées de cette gestion.
    Et pour faire face à cela il est déjà possible d’agir à son échelle, par exemple en organisant ou en participant à des initiatives citoyennes avec des associations et des gestionnaires de l’eau (représentants de firmes et autres gestionnaires) afin de connaitre les méthodes de gestion utilisées et d’être en mesure de donner son avis.