BRETAGNE – PRODUCTION AVICOLE : LE « BIEN MANGER » PASSE PAR LE « BIEN PRODUIRE »

Des dynamiques locales Ami.e.s existent ou sont envisagées dans plusieurs départements de Bretagne, comme dans le Finistère, et peut-être bientôt dans les Côtes d’Armor. Si vous êtes intéressés, n’hésitez pas à nous écrire pour en savoir plus.

En attendant, les Ami.e.s de la Conf’ du Morbihan ne perdent pas de leur mobilisation sur le territoire ! Appui à la Conf’ locale, travail avec les élèves pour susciter de futures vocations paysannes, tenue de stand à de multiples occasions, ou encore mobilisations et travail sur les questions liées à l’élevage industriel… La liste des « activités » est longue et variée !

En témoigne entre autres cet article, écrit à l’occasion des élections régionales 2021, spécialement consacré à la production avicole. Bonne lecture et n’hésitez à faire un tour sur leur page !

Quelques chiffres (2019 et 2020) pour dresser un bref panorama du paysage agricole de la région (source « Agricultures et territoires » chambres d’agriculture de Bretagne -édition 2020).
► La Bretagne compte 26 484 exploitations agricoles dont 8 sur 10 sont de taille moyenne à grande ; elles occupent 62 % du territoire
► Côté élevage, 1810 exploitations se consacrent à la production de volailles de chair (soit 6,83% des exploitations agricoles bretonnes).
► Un élément positif : la production de poulets bio a augmenté de 29 % entre 2018 et 2020 (elle représente actuellement 4 % du cheptel national).
Une des problématiques qui nous préoccupe et sur laquelle nous souhaitons interpeller les listes de candidat.e.s aux futures élections régionales est justement celle de l’élevage de volailles. L’ambition affichée par le conseil régional du « bien manger » passe par le « bien produire ». Le dispositif de soutien aux ateliers de volailles hors-sol, via le plan volailles établi par le conseil régional, subventionne des projets surdimensionnés (un minimum de 1200 m 2 par poulailler pour être éligible). Il est donc en totale incohérence avec les enjeux actuels et les ambitions agroécologiques de la Région.


Les éleveurs industriels bretons font très souvent des lots de dizaines de milliers de poulets,
répartis partout en Bretagne ; dans le Morbihan, à Langoëlan, du jamais vu en France ! Il est prévu des lots de 120 000 poulets, 180 000 à Plaudren, 190 000 à Néant-sur-Yvel, et ce
6 fois par an, sans pour autant créer d’emplois agricoles supplémentaires…

De plus, le lien au sol est rompu : l’aliment est importé et les fientes exportées hors de la région. L’intégrateur fournit les poussins, l’aliment, les vaccins et antibiotiques, et il s’occupe de la commercialisation. Ce mécanisme entraîne une perte d’autonomie et de savoir-faire pour les éleveurs. Ce sont eux qui portent le montage financier et les risques qui en découlent.
L’importation massive de soja, souvent OGM, des USA et d’Amérique du sud via les ports bretons, n’est pas compatible avec les accords de Paris sur le climat de 2015 et contribue à
la déforestation importé. Il faudrait environ 500 hectares de céréales et d’oléoprotéagineux pour « nourrir » l’élevage de Langoëlan.
Forts rejets d’ammoniac dans l’air, concentration des nitrates dans le sol puis dans l’eau, propagation des algues vertes, grosse ponction d’eau pour satisfaire les élevages, productivisme à tout prix, perte d’autonomie et gros risques financiers pour les éleveurs, énorme trafic maritime et routier pour acheminer les marchandises, course au gigantisme, mal-être des éleveurs coincés dans le système avec près d’un suicide par jour dans la profession, la liste des méfaits est longue…


À l’argument que ces poulets sont destinés au marché français pour éviter les importations de poulets étrangers, nous répondons qu’il suffirait de réorienter les productions destinées à l’export (300 000 poulets par jour partent du port de Brest vers l’Arabie saoudite, la Chine
ou l’Afrique principalement).
Ces exportations détruisent les producteurs, notamment africains, avec du poulet ou de la
poule de réforme subventionnés par les aides européennes, arrivant là-bas moins chers que
ceux des marchés locaux.

UNE FILIÈRE VOLAILLES PLUS VERTUEUSE NÉCESSITERAIT :
► d’interdire immédiatement les aliments OGM ;
► de programmer l’arrêt des importations de maïs et de soja ;
► d’obliger à un plan d’épandage de proximité au lieu d’exporter des fientes hors région (le dégagement d’ammoniac dans l’air par le compostage et l’émission de gaz à effets de serre (GES) lors du transport posent problème) ;
► de conditionner les aides publiques à la création d’emplois (sous couvert d’installation, il y a malheureusement perte d’emplois dans la plupart des dossiers) ;
► de maîtriser la taille des exploitations (le plafond de 5 000 m2 «par site» ou «par exploitation» incite les éleveurs à multiplier les sites et les montages sociétaires) ;
► la montée en gamme (une durée de croissance plus longue et des densités d’élevages compatibles avec des systèmes d’élevages sans antibiotiques).
Bien produire, c’est aussi mettre en priorité l’enjeu climatique. La baisse des émissions de GES passera forcément par une baisse du nombre d’animaux en Bretagne. Cela doit être clairement arbitré : certaines productions et certains systèmes de production sont plus émetteurs que d’autres et ont des impacts négatifs en dehors de la Bretagne (déforestation, transports polluants…). La notion de compétitivité doit intégrer les externalités négatives supportées par le reste de la société (coûts sociaux, environnementaux…).
Une politique cohérente doit être une politique globale sur les plans économique, alimentaire, climatique, foncier, social et environnemental.